Pomme liane Je veux vous parler d’une passiflore sauvage d’Amazonie et d’Amérique Centrale : la
Pomme liane de son nom horticole,
Marie tambour en créole.
Nom scientifique :
Passiflora laurifolia car ses feuilles sont non divisées et évoquent assez la forme de celles du laurier sauce.
Les jeunes rameaux montrent des tiges et des feuilles d’un marron sombre à reflets quasiment métalliques, puis ils verdissent en prenant de l’âge.
Comme la plupart des passiflores, c’est une liane. Les bouquins d’agronomie tropicale disent qu’elle atteint au plus 10 mètres, mais la mienne fait plus et on en voit en forêt qui font plus aussi. Elle grimpe dans les arbres, non pas par sa tige mais par des vrilles.
Contrairement au maracudja, autre passiflore beaucoup plus connue, qui ne vit qu’un petit nombre d’années, la pomme liane peut vivre longtemps avec une souche qui peut devenir très ligneuse et très épaisse, j’en ai vu grosses presque comme la cuisse à la base.
Les souches guyanaises ont une production malheureusement ciblée dans le temps : c’est la première saison des pluies. Floraison courant février et fructification rapide durant 3 à 4 semaines. Actuellement, je mange les tous derniers fruits de la mienne, sniff !!!
Nos souches remontent certaines années à la fin de la seconde saison des pluies, en juillet. Ca a été le cas en 2015 (il y a donc eu deux productions dans l’année) mais pas en 2016. La production est moyenne en mars et plus faible encore en juillet mais on est bien content lorsque cette remontée se présente.
La pomme liane n’est pas cultivée en Guyane en dehors des jardins de quelques particuliers comme moi, de toutes façons il y en a en forêt. En revanche, elle est cultivée par des agriculteurs aux Antilles où les spécificités climatiques font que sa production est beaucoup plus étalée sur l’année.
Les fleurs sont d’une grande beauté et agréablement odorantes en plus. Sépales rougeâtres et pétales roses maculés de rose carmin, les « poils » à l’intérieur, si typiques des fleurs de passiflores, sont d’un violet bleuté. Oui, vraiment, une beauté. Les fleurs pendent joliment et apparaissent sur les nouvelles pousses. D’ailleurs, elle est cultivée comme plante ornementale dans certains pays asiatiques, en Inde par exemple.
Les photos de fleurs suivantes, sur ma liane, ont été prises à la remontée de juillet 2015. Ces fleurs ne vivent qu’une journée, elles s’ouvrent le matin et fanent le soir.
Ici, groupe de boutons qui s’ouvriront le lendemain. Sépales rose violacé et face inférieure des pétales rose pâle.
On peut remarquer que les fleurs sont pas mal perforées. En effet, ces fleurs produisent un nectar abondant et les insectes, en général des mélipones (petites abeilles sans dards), trop impatients de consommer cette friandise, font des trous dans les boutons pour le pomper la veille de l’ouverture.
Fleurs épanouies vues de dessous et dans le soleil de début de journée. La face supérieure des pétales est très colorée avec plus ou moins de macules claires d’une fleur à l’autre.
Sur la deuxième photo, mise au point sur la zone centrale. Remarquez le pistil formé de 3 styles se terminant chacun par un stigmate arrondi et à sa base une boule blanc vert, c’est l’ovaire, soit le futur fruit si la pollinisation est réussie. Autour de l’ovaire, les 5 baguettes blanches sont les étamines.
Deux groupes de ces merveilleuses fleurs dans le soleil matinal.
Sur ce gros plan, on remarque une mélipone noire à l’intérieur en train de se baffrer, c’est le principal pollinisateur de cette espèce.
La fleur vient de se dessécher mais n’est pas encore tombée, on remarque encore au bout les 3 styles et les 3 stigmates qui vont chuter d’un moment à un autre.
L’ovaire (la boule blanc vert de la photo où je tiens la fleur) est en train de gonfler pour donner le fruit.