Aujourd’hui je vous raconte une histoire à la manière d’un conte de Noël provençal…*
Il était une fois dans un petit village du centre du pays un personnage appelé Barnabé ! Il était « mouchetier » de son métier et amoureux de ses abeilles. Tous les 128 habitants du coin l’aimaient avec sa grande barbe blanchie car il produisait un nectar qui réjouissait le cœur.
Dans ce même village il y avait le fils de la famille Quincampoix qui avait été bon élève en classe. Envoyé à la ville il avait fait d’excellentes études. Il avait même passé des concours prestigieux pour intégrer les Grandes Écoles. Remarqué par ses semblables il avait été appelé à devenir le ministre du dernier gouvernement.
En tant que ministre il avait eu vent des terribles souffrances des apiculteurs du pays victimes de l’invasion d’un insecte venu de Chine appelé Vespa Velutina ou plus simplement Frelon Asiatique. Tenu au courant de cette épidémie il savait qu’elle s’étendait en « tâche d’huile » à travers tout le pays et plus. On affirmait en haut lieu qu’aucune frontière ou « mur de Berlin » ne pouvait arrêter ce terrible fléau. Tout le monde était bien perplexe.
Pendant les vacances d’été notre ministre revenait volontiers au village. Se souvenant de Barnabé et de son nectar il décide d’aller lui faire une visite.
Sur la terrasse devant un bon verre ils discutent agréablement.
- tu sais Barnabé que j’ai beaucoup d’estime pour toi et que je ne t’ai pas oublié.
- c’est trop d’honneur répond le « mouchetier ». Tu sais qu’ici la vie est dure. Nous avons de gros problèmes et de petits moyens… tiens en particulier mes abeilles et bien elles sont dévorés toute l’année par un terrible frelon qui vient, dit-on, de Chine…
Barnabé sans le savoir avait tapé juste. Notre ministre malgré le bon soleil et les vacances relève le propos.
- Justement, mon cher Barnabé, nous nous en occupons beaucoup au ministère mais nous n’avons pas de résultats.
Et toi comment cela s’est il passé ?
Alors Barnabé est prié de raconter son histoire.
- Il y a quelques années j’avais remarqué ces grosses guêpes qui ne ressemblaient pas à nos frelons que l’on appelle ici des « cabrians ». Pour les voir de près j’en ai capturé quelques une avec mon filet à papillon. Elles ont sur le corps une tâche noire…nigrithorax dans le dictionnaire…moi je préfère l’appeler « noiraude » !
Après j’ai vu qu’elles venaient attaquer les abeilles jusque dans la ruche, en toute saison, sans que nos abeilles puissent se défendre car leur dard est trop petit. Mordiou
la colère m’a pris et pour nous défendre j’ai installé des pièges fabriqués avec des bouteilles plastiques comme pour les guêpes devant la maison.
Chaque jour en relevant le piège je découvrais quelques noiraudes, ce qui me faisait plaisir. De plus il y avait également des petits papillons et d’autres insectes divers dont certains, que je connaissais bien, sont utiles pour mon jardin…
Alors j’ai commencé à réfléchir. Sauf votre respect, Monsieur le Ministre, ce qu’on ne fait pas assez chez vous…
Le Ministre ne fut pas vexé car pour une fois il comprenait, étant du pays, qu’il était en face de quelqu’un qui disait la vérité sans détour. Buvant une gorgée du bon hydromel de fabrication maison il demande :
- alors dis-moi qu’est ce que tu as fait ? Cela m’intéresse beaucoup.
Sans se faire prier d’avantage Barnabé qui n’avait jamais quitté son village, sauf pour son service militaire, répondit :
- je suis allé en Chine !!! il parait que la Noiraude vient de la bas. Tu sais les apiculteurs sont une grande famille et « les yeux bridés » élèvent comme nous des abeilles …
Alors Barnabé expliqua longuement au Ministre éberlué comment les abeilles chinoises savent lutter contre la noiraude. Elles font « la pelotte » autour de noiraude ce qui permet de l’étouffer en la chauffant jusqu’à ce qu’elles périssent…
Dans le train qui le ramène à la capitale notre ministre se sent soulagé. Il a compris comment résoudre ce problème.
Dès le lundi matin au bureau il convoque tout le monde. Il commande de créer encore plus de commissions d’experts (on sait que c’est la meilleure façon d’enterrer un problème). Il va même solliciter des rallonges au ministère des Finances. On en parle beaucoup dans la presse. Le ministre a une bonne note et aura une prochaine promotion.
La conclusion :
Barnabé est resté avec son problème mais il garde bon espoir envers la nature.
Le ministre est considéré depuis comme un très bon ministre.
On a toujours tort de contrarier la nature. Elle reprend toujours le dessus.
* toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existées est fortuite.