Produire ses semences de cucurbitacées

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thibaud

Produire ses semences de cucurbitacées

Messagepar thibaud » 13 févr. 2007 11:33

Produire ses semences de cucurbitacées
par Thibaud

Bonjour,
Grand amoureux de cucurbitacées (melons, concombres, pastèques, courges etc…) J’aimerais vous faire partager ma passion et en particulier mon désir de produire des semences de courge pures variétalement (sans hybridation)
Je remercie l’Association Kokopelli de m’avoir autorisé à utiliser leurs documents et à les publier .
La technique la plus simple à utiliser pour un amateur à équipement limité est la pollinisation manuelle .



Pour commencer, il faut savoir que :

La courge est une plante monoïque, à savoir portant sur le même plant des fleurs mâles et femelles à des endroits différents.

Le courge peut être autofécondée : une fleur femelle peut être fertilisée par du pollen provenant d’une fleur mâle de la même plante.

Cependant, les fécondations croisées sont prédominantes: la fleur femelle est fertilisée par du pollen provenant de différentes plantes de la même variété ou d’une autre variété ce qui va impliquer des hybridations intervariétales.

Ce sont les abeilles qui sont le principal vecteur de ces pollinisations croisées. En fonction des régions et des environnements, la distance d’isolement conseillée entre deux variétés de courges varie de 500 mètres à 1 kilomètre et même parfois plus.
Il faut aussi savoir que ces distances d'isolements ne sont valables qu'entre la variété et non entre les espèces. Par exemple, entre une courge spaghetti et une variété de courgette, pâtisson,... (Cucurbita pepo) ou bien encore entre le potiron marina di chioggia et le potimarron ou le rouge vif d'étampes. (Cucurbita maxima)
Par contre entre une courgette et le potimarron, il n'y a aucun risque donc tout les jardiniers peuvent produire des semences d'une variété de cucurbita moschata, une de cucurbita pepo, une de maxima,... sans aucun risque!!

Les fleurs mâles sont facilement reconnaissables car elles apparaissent au-dessus du feuillage au bout de longues tiges.
Fleur courgette male
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fleur caméléon male
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organe reproducteur male
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Les fleurs femelles sont tout aussi facilement reconnaissables car à leur base se trouve le futur fruit, en fait l’ovaire, possédant déjà une forme bien définie. La taille de cet ovaire peut être conséquente: ainsi, il atteint parfois 15 cm de longueur dans la variété Tromba d’Albenga.
bouton de fleur courgette jaune femelle :
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bouton de fleur femelle caméléon
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organe reproducteur femelle
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On peut d'ailleurs remarquer que sur la cinquième photo, il y a une fleur femelle qui va s'ouvrir demain...


Quand la fleur femelle est fécondée, le fruit se développe normalement mais lorsqu'elle ne l'ai pas, il s'étiole et se décroche du pédoncule...
Les fleurs mâles apparaissent bien avant les fleurs femelles et il y en a bien plus aussi ce qui permet d'assurer une meilleure fécondation.
Ces fleurs ont une durée de vie très courte:elles s'ouvrent à l'aube et se referment en fin de matinée.

Nous allons maintenant évoquer les techniques de “pollinisation contrôlée” permettant de produire des semences de plusieurs variétés de la même espèce dans le même jardin sans tenir compte des distances d’isolement.
La première technique consiste tout simplement à cultiver sous protection d’un voile toutes les plantes de la même variété. On peut ainsi confectionner un mini tunnel avec des arceaux recouverts d’une moustiquaire en tulle ou en fine maille métallique. La seule contingence réelle de cette technique est la nécessité d’introduire des insectes pollinisateurs car sans eux, les plantes ne pourront pas être fécondées.

Des ruchettes de bourdons sont commercialisées par des sociétés spécialisées mais elles représentent évidemment un certain coût. Ce coût peut être partagé par deux ou trois jardiniers dans la mesure où il suffit qu’un mini tunnel soit visité tous les deux ou trois jours par des insectes pollinisateurs. Les bourdons rentrent dans la ruchette durant la nuit et il est donc aisé de les transporter sur un autre site.

On peut également optimiser l’usage de telles ruchettes (normalement destinées à polliniser sur de grandes surfaces et pendant plusieurs semaines) en créant un assez long tunnel qui pourra accueillir une variété de chacune des espèces de Cucurbita avec une variété de concombre, une variété de melon, une variété de pastèque, une variété d’aubergine, une variété de gombo. Toutes les semences produites seront pures variétalement.
La pollinisation manuelle
La seconde technique est celle de la pollinisation manuelle.
Elle consiste à ligaturer le soir les fleurs mâles et femelles qui vont s’épanouir le lendemain matin. Avec un peu d’expérience, il est très aisé de les reconnaître car elles acquièrent une couleur jaune caractéristique. Parfois même les fleurs de certaines variétés ont l’extrémité de leurs pétales très légèrement ourlés, la veille de leur épanouissement. La ligature s’effectue à l’extrémité de la fleur. Nous utilisons tout simplement du ruban adhésif destiné à protéger les bords des huisseries dans les travaux de peinture ou alors du fil de fer très souple et très fin et il serait mieux qu'il soit recouvert d'une pellicule de plastique pour éviter d'abîmer les fleurs. Il est conseillé de ligaturer au moins deux fleurs mâles pour chaque fleur femelle à polliniser.
Dans les jardins accueillant un très grand nombre de plants de courges, il est pratique de signaliser les fleurs femelles ligaturées par un piquet coloré, par un morceau de ruban adhésif coloré collé sur la feuille située au-dessus , ou par tout autre moyen permettant de les retrouver facilement le lendemain. Il est également préférable de parcourir le jardin le lendemain selon le même parcours utilisé la veille et selon les mêmes directions, par exemple d’est en ouest.
Les fleurs femelles ligaturées sont en effet plus faciles à repérer lorsque la direction du parcours de travail est la même, en raison de l’orientation naturelle des feuilles.


Le matin, les fleurs mâles sont cueillies, libérées de leur ligature et leurs pétales sont otés. Le ruban adhésif de la fleur femelle est ensuite délicatement enlevé. Si l’une ou l’autre fleur, une fois libérée de la ligature, ne s’épanouit pas totalement et naturellement, c’est qu’elle n’est pas “mature”: on ne peut donc pas l’utiliser pour le processus de pollinisation manuelle.
La pollinisation est effectuée en badigeonnant le pollen des fleurs mâles sur chaque partie du stigmate de la fleur femelle. Il faut faire très attention aux insectes qui peuvent attérir en plein dans la fleur qui était destinée a la pollinisation manuelle. Cet insecte aura apporté du pollen étranger et il y a donc risque d'hybridation Dans ce cas vous serez obligé d'abandonner et de vous préparez pour une autre fleur femelle! :o
Mais si vous réussissez, alors il faudra remettre du ruban adhésif et ne pas oublier surtout le lien horticole autour du pédoncule pour reconnaître la courge pollinisée. Il faut que le lien soit assez lâche pour que le fruit puisse se développer normalement!
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enlèvement des pétales d'une fleur mâle

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étamines de fleurs mâles mises à nu pour la pollinisation manuelle

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Pollinisation manuelle

Il est conseillé d’effectuer cette pollinisation manuelle le plus tôt possible. En effet, les pollinisations manuelles effectuées en fin de matinée par saison très chaude ont très peu de chances d’être couronnées de succès dans la mesure où le pollen aura chauffé et fermenté et ne sera plus viable. Il ne faut pas oublier que, laissées à elles-mêmes, les fleurs se referment naturellement en milieu de matinée.
Avant de réaliser la pollinisation manuelle, il faut veiller à ce que les fleurs ligaturées ne soient pas percées à leur base: il arrive en effet que certains insectes, tels des gros bourdons, s’ouvrent un passage de force. Cette intrusion peut également se manifester après que la pollinisation ait été effectuée et il est sage de vérifier le lendemain que les fleurs pollinisées la veille aient gardé leur intégrité. Ce type d’intrusion reste cependant une exception. Si vous avez pollinisée une courge rarassime, vous pourrez pour plus de précaution, mettre un sachets en papier autour de la fleur!
Dans la mesure du possible, il faut éviter de polliniser une fleur femelle avec une fleur mâle cueillie sur la même plante pour éviter la dépression génétique* et pour assurer une plus grande densité de graines(en effet, les pollinisations croisées sont prédominantes.)

Les pollinisations manuelles seront plus couronnées de succès lorsqu’elles sont effectuées au tout début de la phase de la fructification. Lorsqu’un fruit s’est déjà formé naturellement ( à savoir par pollinisation d’insecte) sur une plante destinée à être pollinisée manuellement, il est fortement conseillé de cueillir ce fruit afin que le fruit pollinisé manuellement puisse bénéficier de toute la vigueur de la plante. De même, le nombre de fruits pollinisés par plante sera déterminé par la longueur de la saison normale de croissance, par le niveau de chaleur de l’été et par la nature de la variété.

Ainsi, on peut polliniser un seul fruit d’une variété de “atlantic géant”, deux fruits d’une variété de “potimarron”, trois fruits d’une variété de “patisson” et une dizaine de fruits d’une variété de “pomme d’or”.
Il faut aussi noter que certaines variétés se prêtent mieux a la pollinisation manuelle que d'autres. Donc si la pollinisation a rattée, ce n'est peut être pas de votre faute...

Lorsqu’en début de saison, on souhaite pratiquer des pollinisations manuelles sur les courges, il faut veiller à ce que l’espacement entre les variétés soit amplement suffisant pour que les tiges ne se mélangent pas et que les fleurs (en particulier les fleurs mâles) soient facilement repérables pour chaque variété.

Pour une production de semences bénéficiant d’une bonne diversité génétique, il est recommandé de cultiver au minimum 6 plantes de chaque variété. L’idéal est d’en cultiver une douzaine ou encore mieux une vingtaine si l’espace dans le jardin le permet. Cela permet d'éviter la dépression génétique.*

>>>>>> extraction des semences<<<<<<

Lors de la récolte des fruits, il est conseillé d’attendre le plus longtemps possible avant de les ouvrir pour en extraire les semences. En effet, ces dernières continuent de se former à l’intérieur du fruit: lorsque l’on attend un mois, ou plus, la qualité et la viabilité des semences est meilleure.

A l’ouverture du fruit, les semences sont extraites à la main et on peut les laver en en détachant la pulpe. Elles sont ensuite mises à sécher de suite sur un petit tamis dans un endroit sec et ventilé. Les semences de courges prennent un certain nombre de jours à sécher complètement. Un ventilateur peut grandement accélérer le processus. Les semences sont totalement sèches si elles cassent lorsqu’on tente de les plier. Il est fortement déconseillé de les sécher sur du papier car on ne peut plus ensuite les en détacher.

Les semences de courges ont une durée germinative moyenne de 6 ans. Elles peuvent, cependant, conserver une faculté germinative jusqu’à 10 années et plus.


* il ne semble pas que les Cucurbita soient trop sensibles à ce que l’on appelle la “dépression génétique”.
Dernière édition par thibaud le 21 févr. 2007 21:18, édité 11 fois.

Mike Lyne

Pollinisation manuelle des cucurbitacées

Messagepar Mike Lyne » 15 juil. 2017 12:02

Hello

Voici une petite vidéo didactique illustrant in situ la Pollinisation manuelle des cucurbitacées

Il faut en profiter tant qu'elle est disponible.

Enjoy ! :D


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