Synthèse conseils du forum pour culture du piment

Semis, culture, traitements, vos problèmes de culture.

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Ugluk
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Synthèse conseils du forum pour culture du piment

Messagepar Ugluk » 20 nov. 2013 22:25

Bonjour à tous,

Dans ma recherche d'informations pour mes débuts en culture de poivrons l'année prochaine, j'ai dévoré la plupart de vos suivis de culture (j'en suis même devenu boulimique :P), il y a plein de bons conseils ! Mais comme j'ai pas forcément une super mémoire je me suis fait une synthèse des conseils distillés par les experts. Je me permet de la publier ici, si ça peut aider d'autres personnes.

J'espère que ça ne pose pas de soucis, sinon je laisse les modérateurs supprimer ce post bien sûr. En tout cas un grand merci à Marcello, Papo, Mike Lyne, Jeanmi, Serge, Reddroopy, Chriscal, Paul, Stéphane67 et Aflo pour tous leurs conseils (pardon à ceux que j'oublie :oops: ).

S'il y a des erreurs, veuillez m'en excuser et n'hésitez pas à me corriger ou bien apporter de nouveaux éléments.

edit : J'ai oublié de préciser que cela vient en complémentarité de la boite à outils de SP !

Matériel utile pour une saison de Pim’s

Substrat
    :arrow: Semis : terreau de qualité, possibilité d’ajouter de la perlite/vermiculite, pas d’engrais à apporter en plus
    :arrow: 1er repiquage : terreau de qualité, pouvant être le même que celui de semis, sans perlite/vermiculite et sans engrais rapporté
    :arrow: 2nd repiquage : (il ne faut pas tout mélanger mais respecter le schéma expliqué plus bas en « Méthodes ») terreau, Or Brun Fertilisant Universel ou Orga3 ou mieux Orgasyl (qui est un mélange de terreau + Orga3 + une substance qui favorise la croissance des racines)


Contenants
    :arrow: Semis : plaque alvéolée ou caissette
    :arrow: 1er repiquage : godets de 9cm
    :arrow: 2nd repiquage : godets de 13 cm

Possibilité d’effectuer un seul repiquage directement en grand contenant (style bouteille de lait), profond qui permet de produire un système racinaire plus profond, meilleure reprise à la mise en terre
Possibilité également de maintenir les plants dans des godets de 9cm jusqu’à plantation en pleine terre mais il faut distribuer le casse croûte à chaque arrosage. Seuls les engrais liquides sont utilisables. Les risques de carences sont élevés si on ne veille pas quotidiennement à la croissance.


Fertilisant
Or brun fertilisant universel (2ème rempotage + infusions pour l’arrosage)
Or brun liquide type géranium, plantes fleuries (arrosages)


Chauffage
Tapis/cordon chauffant


Lumière
Conseils de Jeanmi



Méthodes

Semis
Boite à outils de Semences Partage
Dans les poupo ou serres chauffantes : mettre une bonne couche de sable bien humidifié au moment des semis et comme ça le terreau ne se dessèche pas trop rapidement. Ne pas poser directement les bacs à semis sur le sol, les poser sur des petits tasseaux de bois.

Image


Chauffage
En plus des conseils de Marcello
Dès que les petites plantules apparaissent et que c'est bien germé de partout, couper le chauffage la nuit pour 10 heures. Les pim's apprécient un delta de température de 10°C environ.


Lumière
Conseils de Jeanmi
En principe en phase croissance : cycle 18 h jour/6heures nuit
Passage progressif vers la phase floraison : cycle 12 h jour/12 h nuit

Mais de très bons résultats sont obtenus avec un cycle 12 h jour/12 h nuit depuis le début.

A savoir que les températures suivent le cycle d'éclairage : en gros on diminue la température la nuit.

Astuce en cas de manque de place sous la lumière artificielle : en 12/12, tourner avec deux séries de plants « une équipe de jour et une de nuit » !


Rempotages

Conseils généraux :
Après un repiquage, laisser les plants se redresser et reprendre de la vigueur au frais et en luminosité réduite avant de les remettre au chaud sous lampe pendant une douzaine d'heure au moins.

Eviter de mettre les racines à nu, pendant le repiquage conserver le substrat autour des racines

Séance repiquage pour les poivronidés en images.
Image
On bêche
Image
Retrait d’un plant avec sa motte
Image
Formation du puits
Image
Plouf dedans en écrasant le fond du puits à l'aide de la fourchette et arrosage au doigt, avec le verre à bière, ça marche bien


1er repiquage :
Méthode expliquée ci dessus en substrat homogène, uniquement terreau sans apport d’engrais


2nd repiquage (ou 1er si grand contenant) :
    :arrow: Au fond du pot/godet qui accueillera le plant (au premier quart, premier tiers environ), mettre du terreau enrichi (terreau normal + 10 à 50% d'Or Brun Fertilisant Universel ou Orga3 ou Orgasyl - mélange de terreau + Orga3 + une substance qui favorise la croissance des racines - )
    :arrow: Au contact de la vieille motte, mettre du terreau pur. Pas d’Or Brun au contact des racines, ça les brûle.
    :arrow: Tasser du bout des doigts (normalement en horticulture, on ne tasse pas, l’arrosage s’en charge. Pour les pim's c'est indispensable si on veut obtenir un MAR agressif.)

Comme ça, les plants trouvent de la nourriture au fond (ce qui pousse à développer les racines au plus profond) sans que les racines (non habituées) soient brulées ou saturées d'aliment. Quand les racines touchent le mélange avec l'OB, on le voit, ça change de couleur.


Fertilisation
Quand les plants sont jeunes, on a envie de bourrer en N pour avoir du vert, c'est une erreur, on va vers des plants qui seront notoirement plus sensibles aux pucerons.

Un terreau de qualité contient suffisamment d'engrais pour nourrir les capsicum jusqu'au stade 2 à 4 feuilles.
Puis au fur et à mesure de l'augmentation de la surface foliaire et du nombre de Lux captés, introduire un élément phosphoré, un 4/6/8 fait l'affaire (type engrais géranium). Le but est de favoriser le développement racinaire (rechercher le K avec magnésium si possible) et de renforcer l'ossature de la future usine. Moins d'azote à ce stade serait le bienvenu, mais il est judicieux dans les engrais ternaires d'éviter les déséquilibres. Bains de siège (arrosage par capillarité) enrichis.
Puis, au stade 6 à 8 feuilles avec forte croissance foliaire, il est indispensable de fournir l'azote nécessaire à l’extension de la surface foliaire et à la constitution des méristèmes secondaires.
N.B. A ce stade, il est indispensable de prévoir les besoin en K, car les apex primaires (et/ou secondaires sont en gestation) un 8/8/16 est approprié. Un éclairage en 2700 °K d'au moins 2 heures par jour assurera l'assimilation et assurera la fécondité ultérieure. Le tout sur une durée d'un mois environ.
A partir de ce stade, la course est enclenchée : le plant va grossir, forcir, et va avoir besoin d'azote (N) pour prendre de l'envergure. Une dizaine de jours avant la mise en place on peut bourrer en azote pour avoir un système foliaire renforcé pour subir les agressions dues au changement du climat de culture.

Par la suite en revanche, une charge trop élevée en azote pendant la formation des fruits, donne des fruits très gros, chargés en eau, qui auront du mal à se maturer. L'épiderme des péricarpes est aussi fragilisé, les atteintes dues aux punaises plus profondes, les piqueurs suceurs de tout genre semblent attirés vers ces fruits faciles qui sont de surcroit plus sensibles aux coups de soleil.


Conduite de culture avant la mise en terre

Divers :
Petit à petit, dans les godets le terreau de surface va se tasser, il faudra compléter (quand on voit les racines apparaitre).
Oter le bouton floral de la première fourche , c'est primordial pour une croissance épanouie


Arrosage :
Il est conseillé de laisser sécher régulièrement et complètement le substrat pour les pim's entre deux arrosages afin d'obtenir un MAR agressif et piquant comme une brosse en chiendent. La réussite de la transplantation est alors assurée, à ce stade les nouvelles racines peuvent progresser de 2 cm par jour et contourner les obstacles raisonnables.

Pour arroser et nourrir, des bains de siège (arrosage par capillarité) avec une décoction d'Or Brun (un poignée dans un arrosoir pendant 48h) permettent d'apporter la nourriture qui convient en douceur et par le bas. (manque encore l’info sur la fréquence d’arrosage avec Or Brun par rapport aux arrosages eau seule)
Un bon arrosage par capillarité est absorbé en une heure environ.


Problème de pucerons :
2 cuillères à café de savon noir + 2 cuillères à café de bicarbonate de soude pour un bon litre d'eau voir 1.5 l avec un vapo (surtout pas au soleil , le soir de préférence). Le pH basique du bicarbonate nuit à la germination des spores ainsi que des champignons et stoppe la prolifération des pucerons. Les plants risquent de faire la tronche le 1er soir, en fonction de leur comportement, bassiner un soir sur 2.

Pyrèthre c'est le top en cas d'invasion, ça agit par contact, protéger quand même les bronches.


Plantation
Creuser un trou de la taille d'un seau de 10 l, remplir également le 1/3 du fond avec le mélange suivant (55% terre du jardin, 30% terreau, 15% Orga3). C'est important pour accélérer la reprise et favoriser le développement du MAR au plus profond (important dans l'été avec les chaleurs sèches) pour maintenir le plus longtemps possible la motte humide.

En pleine terre, 3 rangs séparés par une allée confortable de 50 cm. 50 cm entre les plants sur la ligne.


Paillage
Pour le paillage, attendre que la terre soit bien réchauffée.
Coques de cacao, paillettes de lin ou de chanvre, paille de blé, …


Récolte graines
Protéger les fleurs avant ouverture avec des sachets d'organza ou des bas
La récolte de graines sur le premier fruit ne pose pas de problème si le fruit est conforme en taille.
Attendre la complète maturité du fruit (attention, il existe des couleurs intermédiaires).


Voilà, j'espère que cela pourra aider quelques personnes.

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marcello2
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Messagepar marcello2 » 22 nov. 2013 01:40

Joli travail de synthèse. :ola:
Comme promis, je fais un ajout concernant l'intérêt des différences de T°
Ca ne va pas être à la portée de tous mais :roll:


Un peu d'histologie végétale

Le développement embryonnaire des capsicum comme celui de tous les dicotylédones se déroule dans la graine à l'intérieur de laquelle on constate principalement la présence de 2 types de cellules.
Notion de méristème : Tissu de cellules végétales de type embryonnaire (non différencié) à multiplication rapide, responsable soit de la croissance en longueur (tiges et racines) :
méristème primaire, soit responsable de la croissance en épaisseur : méristème secondaire.



* Le premier type forme le méristème racinaire qui va engendrer le futur système racinaire complet. Ces cellules sont unipotentes : elles ne pourront se diviser qu'en cellules racinaires. ( Il n'y a pas de tiges souterraines chez les capsicum)
Fonctionnement général
Le Méristème Apical Racinaire appelé aussi Méristème Actif Racinaire (MAR) a un rôle uniquement histogène (formation des tissus , conduction ...). C'est la coiffe de la racine(1) qui va forer le substrat comme une taupe son tunnel.


Image
La zone méristématique (2) étant le foyer générateur de cellules du MAR.

La zone d'élongation (3) joue le rôle de tampon dans la croissance de la racine, elle fonctionne à la manière d'un élastique, les cellules épidermiques ne sont pas encore matures et restent souples.
Les racines latérales se formeront un peu en arrière de la zone de maturation (4) qui est la génératrice des poils absorbants. Dans la zone racine constituée (5 ) .
Dans cette partie de la racine entièrement constituée, et à partir d'elle seule les méristèmes racinaires secondaires qui se trouvent sur le péricarpe (la gaine de la racine) Pourront donner naissance à des racines secondaires.
La partie centrale de la racine ayant un rôle conducteur (eau, sels minéraux ....)

* Le second type forme le méristème caulinaire responsabe de la genèse de la partie aérienne. La plupart des cellules est totipotente : elles pourront donner naissance à plusieurs types de méristèmes dont (je ne citerai que ceux qui concernent la croissance.)
- Le Méristème Apical Caulinaire (MAC) concentré dans l'apex.
- Les méristèmes axillaires qui se forment aux aisselles des feuilles sont une reproduction génétique du MAC.
- Les méristèmes secondaires qui permettent l'épaississement des organes. (tiges, mais feuilles aussi)

Le fonctionnement du MAC est assez varié puisque c'est à partir de lui que peuvent se former feuilles, fleurs et même racines (bouturage ou racines adventives), mais au départ il est toujours végétatif (croissance) .
La terminologie étant posée, je passe aux explications.

Je me place dans la configuration démarrage indoors et culture outdoors.



MAC et MAR ont tous les deux un comportement similaire. Dès que les conditions sont favorables (T° et humidité) on assiste à une course effrénée, ce sont des méristèmes primaires, c'est une course en longueur.

+ Le MAR est le premier qui s'active pour permettre aux cotylédons de s'élever hors du sol et stabiliser les fondations de la future usine.
Si la T° est constante et relativement élevée avec des conditions hygrométriques favorables l'énergie est propulsée dans la zone méristématique, la zone d'élongation s'étire dangereusement et diminue de diamètre.
La zone de naissance des racines adventives est sous alimentée et ne peut plus produire correctement. C'est le début d'une dégénérescence qui est irréversible.
Une diminution de la T° nocturne (je préconise un minimum de 10°C) a pour effet de diminuer, voir de stopper le flux d'énergie dirigée vers le MAR. La zone d'élongation reprend du diamètre comme un élastique que l'on détend. Le flux d'énergie recule vers la zone de naissance des racines adventives qui reprend pleinement sa fonction.
Le système racinaire peut alors croitre de façon homogène.

Ne pas proposer de différence entre les T° diurnes et nocturnes favorise la sensibilité du système racinaire au pourrissement et au dessèchement. On observe également une perte de capacité de régénérescence en cas d'attaques extérieures et une diminution de l'agressivité du MAR.

+ Quand au MAC l'effet est plus visible car il s'agit de la partie aérienne. Le principe est sensiblement le même, la plante va pousser en hauteur, il n'y aura pas d'élaboration suffisante de méristème secondaires.
La tige va rester mince, la longueur des entre noeuds va croitre.
Une compensation par un éclairage additionnel évitera la catastrophe du plant qui file et qui finir par casser.

A l'heure du passage à l'extérieur la note sera douloureuse. La plante sera plus fragile, plus sensible aux vents, aux nouvelles T° nocturnes qu'elle devra découvrir et aux agressions extérieures.
Les méristèmes secondaires peu développés auront une capacité amoindrie à réparer les tissus endommagés et se constitueront au détriment des méristèmes floraux, la production sera diminuée.

MAR et MAC ont un but identique, mais un mode de fonctionnement différent. Les deux sont dépendants de la T° et de l'hygrométrie, cependant le MAR est indépendant de la luminosité.
Les qualités végétatives de l'un interfèrent sur les qualités de l'autre, chacun ayant son rôle bien défini. Le premier puise dans le sol : eau, sels minéraux et éléments essentiels , (Magnésium, oligo éléments ....) l'autre est responsable de la photo synthèse mais aussi de la régulation hydrique.
La seconde fonction est souvent ignorée , occultée ... peut être les deux.


Lorsque les capsicum tournent leurs feuilles vers vos yeux, ils vous adressent un message .

Lorsqu'ils baissent la garde, la T° est trop élevée pour eux et ils se protègent.
Et lorsqu'ils ont froid, c'est ton travail de jardinier de les protéger.
Dernière édition par marcello2 le 22 nov. 2013 22:06, édité 3 fois.
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(")_(") Hello, c’est Marcello, alias Satanas

Chriscal

Messagepar Chriscal » 22 nov. 2013 09:12

Merci à tous les deux, un vrai régal :ola: :ola: :ola:

eveliotis

Messagepar eveliotis » 22 nov. 2013 09:33

:super: travail Ugluk et Marcello,

très intéressant pour ne pas dire incontournable.

Juste un gros doute concernant l utilisation de bicarbonate contre les pucerons ? Le savon noir additionné d eau de pluie est suffisant. Je vois pas l intére^t ni l action du bicarbonate ?!

et une réserve concernant les cosses de cacaos en paillage : croûte imperméable et moisissure assurée :nuuul:
Image
Mais ce ne sont que des détails au vu du travail de synthèse effectué :merci:

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Ugluk
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Messagepar Ugluk » 22 nov. 2013 14:59

Ah super Marcello, je comprends mieux l'intérêt du delta de t° !

Eveliotis de ce que j'avais compris pour l'intérêt du bicarbonate, c'était pas vraiment pour les pucerons mais pour limiter le risque de prolifération de champi (fumagine) à cause du miellat sécrété.

En effet, le paillage cosses de cacao n'a pas été très adéquat chez toi on dirait. Il semble me souvenir que c'était Mike Lyne et Chriscal qui en parlait (avec une anecdote, "ça sent bon quand tu l'étales" :) ). A voir s'ils ont également ce genre de problème.. De mon côté en tout cas, je pense plus opter pour la paille de blé. J'en ai en quantité et je n'ai jamais remarqué de problèmes avec.

aflo59

Messagepar aflo59 » 22 nov. 2013 15:04

les cosses de cacoa , il faut éviter d'arroser par le dessus, juste par trempage, en évitant de laisser trop longtemps dans la bassine
Dernière édition par aflo59 le 22 nov. 2013 15:34, édité 1 fois.

Mike Lyne

Messagepar Mike Lyne » 22 nov. 2013 15:20

Hello

J'ai déjà utilisé en effet le paillage de cosses de cacao, mais sur de petits parterres d'ornementales : pas de problèmes particuliers.

A la surface de mes pots, j’utilise les cosses de sarrazin sans aucun soucis. Je les apprécie pour leur souplesse de mise en place sur de petites surfaces.

Sinon, pour de plus grandes surfaces, comme toi Ugluk, c'est paille de blé ou d'escourgeon que je peux me procurer en quantité aisément.

tintin

Messagepar tintin » 22 nov. 2013 15:49

merci pour le travail,
ça simplifie la vie des flemmards :lol:

kalou85

Messagepar kalou85 » 22 nov. 2013 20:19

jolie travail !! :super: bravo et merci :trosuper:

:coucou:

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Messagepar marcello2 » 23 nov. 2013 01:35

Petite histoire pour la régalade et pour remercier Ugluk de son intervention.
Tu as fait un joli boulot.
Tintin dit pour les fainéants. :P :D :P
En récompense du travail d' Ugluk
Marcello est mi sel

Cette histoire ne se passe pas en Bretagne, mais en Savoie.

Il y a quelques cinq décennies, j'avais acquis mon titre de jardinier puisque dans mon premier jardin de 1 M2 environ j'avais cultivé des haricots d'Espagne qui avaient atteint le balcon du 1er étage. Balcon qui était visible depuis la Route Nationale voisine, la RN6, c'est vous dire la notoriété du petit Marcello. :P

Notoriété amplifiée par la taille des laitues que j'avais placées aux pieds de ces fameux haricots que peu de personnes cultivaient à cette époque.
Ces laitues grosses comme les fesses d'un sumo avaient atterri sur le bar du bistrot jouxtant notre demeure. Le paternel fier de son petit Marcel et malin comme un singe avait parié avec un jardinier du coin que le Dauphiné Libéré, journal du coin, ne pourrait contenir les deux magnifiques laitues de mon jardin. :P
Ce fut tournée générale et j'eus droit à un diabolo grosse Nadine, une sorte de paradis, quand c'était le pater qui payait j'avais droit à une grenadine à l'eau. Depuis ce jour de triomphe partagé, ma boisson de fête ne fut pas le Champagne, mais le diabolo grenadine. :P

"Je ne compris que bien plus tard la raison de mon succès, les orties que j'avais enterrées à la création de mon jardinet et la proximité des racines des haricots avaient dopé mes laitues. "
Je fus aussi élu Maitre des laitues par mon père pour les années à venir et grâce à son lumbago, je devins planteur en tous genre. Il faut dire que du haut de mes sept ans j'avais moins à me baisser et que je rendais bien compte que les traces laissées par mes sabots étaient bien moins profondes que les siennes, chose que je ne manquais pas de lui faire remarquer.
J'évitais ainsi qu'il eut à se justifier pour son dos douloureux, ça me faisait moins mal à moi aussi car je souffrais de le voir souffrir et quelque part j'avais pris un grade.


Ce grade me permit aussi d'accompagner ma Grand Mère au marché voisin pour acheter les transplants. On devait y aller avec Germaine, Germaine c'est la coiffeuse de la famille, mais Germaine avait des coups de peigne à donner et nous traversâmes la Route Nationale avec Grand Ma et le cabas à roulettes. Notre fournisseur de transplants était un Papé Italien, comme beaucoup en Savoye à cette époque c'était un Rital du Piémont .

La Grand Mère fit ses achats et je j'accomplissais la lourde tâche de remplir soigneusement le cabas à roulettes des plants de tomates et aubergines soigneusement enveloppés dans du papier journal.
Grand Ma prit aussi les plants pour Germaine et comme trop affairé au rangement, je ne suivais pas la conversation entre le Papé et la Grand Ma, je crus que Germaine était le cabas à roulettes. Confusion de gosse, mais qui perdura dans le temps.
Pour le petit Marcel, le cabas à roulettes avait un nom, Germaine, depuis ce jour tous les utilitaires à deux roues parallèles sont des Germaine. Un nom issu de Germain, la vérité en quelque sorte.

Au moment de payer, le Papé voyait bien que je louchais sur ses poivrons, je savais les tomates, je savais les fenouils, je savais les aubergines, mais les poivrons , pétard ???

Je me rappelle avoir posé un tas de questions comme sont capables de faire les gosses curieux auxquelles le Papé avait tenté de répondre, mais son Français était aussi pauvre que mon Italien.

La Grand Mère trancha la discussion, voyant que je ne lâcherai pas l'affaire, et connaissant le garnement que j'étais à l'époque, acheta 6 plants de poivrons.
Elle avait deviné que malgré l'interdiction formelle du Paternel de traverser la Route Nationale qui donnait l'accès direct au marché, j'étais capable une fois rentré à la maison d'opérer un savant demi tour avec mon porte monnaie.

A cet âge le 100 Mètres ne se court pas en 10 secondes, mais 100 M aller et 100 M retour, j'avais déjà calculé que le temps qu'elle aille porter les plants chez Germaine, je pouvais arriver avant elle à la maison avec mes poivrons.

J'avais antérieurement défoncé le capot d'une 4L qui avait eu l'outrecuidance de me couper la route alors que je traversais cette damnée route, après avoir regardé à droite et gauche. Je m'en sorti à la clinique locale avec la chemisette cramée sur l'épaule gauche, une petite brûlure de bitume sans gravité, mais le conducteur de la 4L qui m'avait transporté illico à la clinique avait perdu ses vacances dans l'affaire.

Pas de capot, pas de vacances, le capot s'était retourné sur le pare brise. Je ne sus que bien plus tard que le cerveau d'un gosse de cet âge n'est pas capable de percevoir la vitesse d'un véhicule.


J'avais gagné le premier combat, mais avec la Grand Ma c'était du gâteau; le plus dur restait à faire :


Convaincre le Paternel de bien vouloir détruire la géométrie du potager.
Je savais bien que 6 plants ça ne faisait pas une ligne, le Papé avait dit comme les tomates, et les tomates j'en mettais 12 sur la ligne.

Mon père eut alors une réaction inattendue, les poivrons, lui, il savait, enfin natif de Notre Dame Du Guildo, il en avait mangé en Afrique du Nord, mais je le sais maintenant, il n'en n'avait jamais cultivé. Je fus enchanté de son approbation et il décida de les placer en bout de chaque ligne.


Je serra donc un peu les plants de tomate pour grappppiller un peu de place, mais malgré tous mes efforts, les poivrons furent placés au raz de la rangée de groseilliers qui était perpendiculaire aux lignes de tomates, et quand je dis ligne, il s'agit de ligne droite, la courbe n'existait pas dans les jardins de cette époque.

Je n'étais pas très satisfait, le Papé avait dit "soleil" et les groseilliers allaient faire de l'ombre, ça c'était sûr. Cinq plant furent installés dans le potager, rétrospectivement je pense que le Pater a du voir mon dépit et m'offrit le choix du placement du dernier plant.
Le 6éme fut mis en place par mes soins au milieu du massif de tulipes qui à cette époque étaient grillées comme des sardines. Ce massif était en plein cagnard comme on dit en Savoie, adossé au mur du garage où la vigne prenait ses aises et grimpait jusqu'au chéneau.

J'étais content le Papé avait dit soleil, et il avait aussi évoqué le vent, je n'avais pas saisi le sens exact de ses paroles, mais son regard reste inscrit dans ma mémoire, il savait que malgré ses carences en langage, j'avais compris ce qu'il voulait dire.
:996:
Comme je passais devant ce plant quatre fois par jour pour aller et revenir de l'école, le plant fut bichonné. Arrosage à l'eau tiédie, mais pas d'arrosage dans la journée, là le Pater était formel, ça brûle les feuilles. Un petit peu de crottes de poules du vieux tas au fond de l'arrosoir à chaque remplissage car la terre du massif de tulipe est pauvre comme Job.
Moi Job je le connaissais ni d'Eve ni d'Adam, mais les paroles du Pater me semblaient couler de source.


L'été passa, quatre semaines en Bretagne et au retour de vacances les cinq poivrons à l'ombre des groseilliers avaient des feuilles splendides, mais les fruits demeuraient verts.


Quand à" Mon poivronier", il avait sans doute eu un petit coup de chaud, les tulipes étaient cramées, mais ça c'était normal, et ... la récompense magistrale : 3 fruits rouges pendaient orgueilleusement dont un c'est sûr était gros. A cet âge gros peut facilement devenir éléphantesque.
Pétard la régalade, le Pater était aux anges, les poivrons furent "omelettés" et Grand Ma se régala des fruits verts.

A l'arrachage, car je ne vous l'avais pas dit mais j'étais aussi chef arracheur, les plants placés à l'ombre m'ont donné pas mal de fil à retordre alors que le plant placé au milieu des tulipes je le sortis de terre d'une seule main, je crus que la consommation de poivrons donnait une force Herculéenne. :P
Dernière édition par marcello2 le 02 mars 2014 18:13, édité 1 fois.
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Messagepar Ugluk » 23 nov. 2013 13:59

Très belle histoire Marcello ! Merci du cadeau :)

On comprend mieux d'où tu tiens ta passion pour les pims. Pour ma part, j'ai le souvenir d'un poivron donné par le voisin quand j'étais petit. Un poivron orange, une vraie merveille. :love: Sucré, juteux, fruité comme on n'en trouve pas dans le commerce, même auprès de petits maraîchers... J'aimerai tellement retrouver cette saveur dans mon potager l'année prochaine ! J'ai acheté des graines de Doé Hill on verra bien si c'était celui ci.

tintin

Messagepar tintin » 23 nov. 2013 14:21

c'est Marcello Pagnol que je viens de lire :D

eveliotis

Messagepar eveliotis » 23 nov. 2013 17:20

:merci: Marcello pour ce beau et poétique moment de lecture d une tranche de vie :clindoeil:

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Messagepar marcello2 » 23 nov. 2013 23:31

tintin a écrit :c'est Marcello Pagnol que je viens de lire :D

:P on m'avait déjà fait la remarque, mais je n'ai aucune prétention.
Le Temps des secrets est pour moi arrivé. :P :D :P
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Messagepar morpho » 24 nov. 2013 10:14

:super:

J' aime bien ta manière d' écrire. :D


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