Bon, alors, je n’avais encore une fois rien compris, cela ne se cultive pas n’importe comment, grand naïf que je suis…
J’ai donc demandé des explications à Laurent :
On la cultive idéalement dans le même créneau saisonnier qu’en Italie, c’est-à-dire semer en fin d’été, courant du mois de septembre, pour récolter entre le début et la fin de l’hiver, selon les variétés plus ou moins précoces ou plus ou moins tardives. Les cultures que l’on réussit le mieux au CTH, c’est quand on sème fin septembre pour récolter courant du mois de février, voire mars, cela dépend de la météo. On les cultive sous serre, mais sous serre tunnel qui reste ouverte pendant l’hiver et même quand il gèle à -10°C, elles sont complètement prises dans la glace durant la nuit et au fur et à mesure que le soleil réchauffe la serre, tu vois les feuilles qui pendouillent un peu, tu te dis : « elles sont foutues », mais non, en fait elles se redressent, reverdissent et restent bien vertes, sans souci.
Par contre, dès que l’on essaye de les cultiver dans des périodes où la durée du jour est plus importante que la nuit, de la fin mars à début septembre, là on s’expose à avoir des plantes qui essayent de fleurir très rapidement, plus rapidement que leur durée de culture normale. Tu me diras, c’est la fleur qu’on mange, l’inflorescence, mais si elle a fleuri trop tôt, avant de s’être fortement développée, tu vas avoir de toutes petites inflorescences, donc très peu de rendement et probablement quelque chose de plus fibreux, aussi.
Tandis que quand on les sème en automne, elles grossissent, allez, jusqu’au mois de décembre, il y a déjà une belle croissance, puis cela ne bouge plus en décembre/janvier, et quand les jours commencent à rallonger, on voit la croissance qui redémarre. C’est-à-dire que les plante ont eu le temps de devenir bien grosses avant de commencer à fleurir et donc font des petits brocolis avec des tiges parfois grosses comme le doigt. C’est plus agréable, moins fibreux, c’est plus croquant et on a un rendement infiniment meilleur.
Mais, une plante de Cima di rapa, ne donne, à priori dans nos conditions de culture, pratiquement rien comme quantité. On parle en mètres carrés de Cima di rapa, pas en plante. C’est un peu comme quand on cultive des radis, du cresson, de la mâche, on ne parle pas vraiment en plantes, mais en surface plantée ou en mètres linéaires plantés.
Ceci dit, apparemment, en Italie, mais peut-être parce que leur saison qui va de septembre jusque février suivant, les hivers sont moins rudes que chez nous, la croissance se poursuit encore plus longtemps pendant cette période bénie ou le jour est très court et donc la plante n’essaye pas de fleurir, elle ne fait que des feuilles. Là-bas, ils arrivent à les espacer de 40/50 cm et avoir des plantes qui se développent comme çà et qui font des ramifications. Quant elles montent en fleur, elles ont plusieurs pousses sur chaque plante.
Ici, je ne les ai jamais observées aussi belles, aussi grosses, mais, peut-être anecdotiquement quand même, sur des laitues qu’on achète en petites mottes et qu’on plante en novembre dans des serres maintenues hors gel, on les maintien à 4°C la nuit et 8 °C le jour pendant l’hiver et, je ne sais pas bien, il y avait deux-trois mottes dans la caisse ou c’était, on aurait dit du Cima di rapa qui avait été semé, peut être un mélange de graines qui trainant dans le semoir…
Et ces deux/trois plants uniques, isolés, de Cima di rapa ont fait des pousses jusqu’à un mètre de hauteur, pratiquement, au milieu de la serre pleine de salades, et leurs inflorescences étaient de 5/10 cm de diamètre, vraiment des énormes, superbes Cima di rapa. Donc, dans certaines conditions, mais là, on était vraiment dans le climat italien, il ne gelait pas la nuit, il faisait frais mais sans plus, on avait des journées courtes puisqu’on était en hiver, là, c’est le top du top pour avoir le meilleur résultat.
Donc cela signifie que nos amis du sud de la France devraient avoir de bons résultats ?
Oh, ce serait un très bon légume d’hiver pour eux, oui. Mais en été, cela me semble à la frontière du pas « réussissable », en tout cas avec des résultats qui donnent envie de pleurer par rapport à ce que l’on peut obtenir en hiver. Bien que sur les sachets, il doit être inscrit « cultivable toute l’année », mais pas du tout avec le même résultat, le même rendement et la même qualité de produitDonc je vous présente mes plus plates excuses, nos semis d'été ne seront sans doute pas fructueux.
Si vous avez besoin de graines en rab, il y en a encore
Accessoirement, c'est fou comme tout devient simple et logique quand Laurent explique…